Interview, Podcast

Créer Okko Hotels, avec Solenne Ojea-Devys

Quand Solenne Ojea-Devys a interagi avec un de mes posts sur LinkedIn, je n’ai pas traîné à la contacter.

Ayant suivi le développement du groupe Okko Hotels depuis quasiment le début, j’avais hâte d’en savoir plus !

Qui est Solenne Ojea-Devys ?

C’est d’abord une spécialiste du marketing. J’aime le souligner car ce n’est pas si commun que le marketing mène à la direction des opérations d’un groupe. Pourtant, je suis convaincu de l’intérêt de la vision stratégique marketing cumulée avec une expertise terrain.

Passé par l’Edhec à Lille, elle a ensuite suivi un Master en entrepreneuriat, à une époque où ce n’était pas aussi tendance qu’aujourd’hui.

En parallèle de ce début de carrière, son père Olivier Devys quitte Accor après avoir développé en interne la marque Suite Hotel (aujourd’hui Suite Novotel). Retenez bien le nom du père, car mon petit doigt me dit que ce n’est pas la dernière fois qu’il sera cité dans le Podcast…

Un jour, Olivier appelle sa fille pour lui parler d’un projet qu’il souhaitait développer. C’est ainsi que Solenne Ojea-Devys devient hôtelière.

Okko Hotels

On ne réalise pas forcément le challenge que cela peut représenter de créer non pas un hôtel, mais une marque, avec une forte identité. Surtout à une époque où les hôtels étaient standardisés. Il faut se remettre dans le contexte des années 2000. Le terme “Lifestyle” n’existe pas, Mama Shelter vient à peine de se lancer et personne n’y croit encore.

L’intuition du père de Solenne, c’est que l’hôtellerie quatre étoiles doit se faire en centre-ville, car l’époque de la voiture est révolue selon lui. C’est pour le moins novateur.

Sauf qu’un hôtel de centre-ville, cela coûte cher.

Le choix est donc fait de ne pas être propriétaire du foncier, mais de gérer uniquement l’exploitation hôtelière.

Solenne et son père décident de réduire la taille des chambres pour gagner quelques mètres carrés. En revanche, le lobby s’agrandit et devient un véritable lieu de vie.

Tout cela paraît complètement banal en 2023. Mais j’ai souvenir de visiter en 2014 le Okko de Grenoble, qui était géré par Alexandre Conte, également président de l’association des anciens élèves de l’école hôtelière de Grenoble, dont j’étais le vice-président. J’avais été choqué par ce grand espace d’accueil multifonction, où le réceptionniste est un “hôtelier” (le terme employé par Okko) qui passe plus de temps dans le lobby que derrière son desk.

Le financement du projet

Je vous renvoie à l’épisode avec Eric Omgba, qui disait que l’hôtellerie est un métier “Capex Intensive”. Comprendre : très coûteux.

C’est bien l’avis de Solenne Ojea-Devys.

C'est une course à la trésorerie - Solenne Ojea-Devys

Chaque hôtel doit être le plus rapidement à flot pour pouvoir financer le suivant et ne pas être un poids financier pour le groupe.

La pandémie

En 2020, lorsque la Covid-19 se répand en France, Okko Hotel possède 11 hôtels (contre 14 en 2023).

Du jour au lendemain, tu te retrouves avec des millions d’euros de loyer à sortir, et tu n’as plus un euro de chiffre d’affaires qui rentre - Solenne Ojea-Devys

Heureusement que l’État a très largement aidé à cette époque, n’oublions jamais de le rappeler.

Les investisseurs d’Okko Hotels ont également joué le jeu avec une augmentation de capital en pleine crise. Et les propriétaires des murs ont accepté de suspendre les loyers pendant plusieurs mois.

Une combinaison gagnante qui a permis de sauver la boîte et de lui permettre de retrouver rapidement le profit une fois la crise terminée.

Le futur d’Okko Hotels

Aujourd’hui, le groupe compte 270 collaborateurs, avec une santé financière beaucoup plus sereine.

Solenne Ojea-Devys aime rappeler à ses équipes qu’aujourd’hui l’entreprise est face à de “bons problèmes” comparé à la récente crise.

Avec une ambition de continuer le développement géographique, en France notamment. Bordeaux, Marseille, Lille, ainsi que quelques capitales européennes devraient voir arriver de nouveaux Okko Hotels.

Devenir société à mission

Okko Hotels est la première marque hôtelière à mission depuis avril dernier.

Une fierté dont Solenne Ojea-Devys ne se cache pas. Sans pour autant oublier tout ce que cela représente.

Concrètement, être entreprise à mission, cela signifie avoir une démarche RSE plus élargie encore, intégrant les différentes parties prenantes.

Il y a également une modification des statuts juridiques et l’inscription d’une raison d’être. Des actions qui marquent bien l’engagement de la marque de vouloir aller plus loin.

Est-il possible de lier croissance et objectifs de développement durable ?

“Choisir, c’est renoncer”. Cette citation résume à elle seule la vision de Solenne Ojea-Devys et ses équipes.

Par exemple, le groupe a choisi de ne pas développer d’établissements proches des aéroports, pour ne pas accentuer le traffic aérien.

Il s’agit aussi d’effectuer un bilan de Scope 3, donc de mesurer non pas seulement les émissions de l’hôtel, mais aussi les indirectes qui représentent jusqu’à 75% du bilan total.

Faut-il construire à neuf avec de bons matériaux durables ? Ou rénover des passoires thermiques ?

Le genre de question à se poser avant de prendre une décision de grande ampleur

L’excellence de service chez Okko Hotels

Le plus beau concept que tu peux imaginer, il n’est rien sans l’excellence opérationnelle.

Inutile de dire combien j’approuve les paroles de Solenne Ojea-Devys.

Chez Okko, la satisfaction client globale est à 85%. Et sur le critère seul de l’accueil, elle est à 91%.

Le groupe a bien compris qu’avoir de beaux hôtels, cela ne suffit pas.

Okko Lab, par Solenne Ojea-Devys

C’est une sorte de laboratoire d’essais développé par mon invitée et ses équipes.

L’objectif, c’est de rester agile et de favoriser l’innovation. Un vrai avantage concurrentiel selon moi.

La gestion des talents chez Okko Hotels

Il y a toujours eu 50/50 de profils issus de l’hôtellerie et d’autres secteurs, selon Solenne Ojea-Devys. Ce qui était à l’époque novateur, est désormais salvateur. Surtout quand on constate la difficulté à recruter dans l’hôtellerie-restauration.

Nous on a toujours fait le choix d’un manager participatif, d’un management de proximité - Solenne Ojea-Devys

Le fameux middle management, ou manager terrain, est un élément clé de l’organisation du groupe. Il favorise chez Okko cette fameuse agilité.

Par ailleurs, il ne fait aucun doute qu’avoir une marque employeur forte et engagée comme celle-ci permet de recruter des profils engagés. Un point essentiel dans le recrutement, notamment de la génération Z.

Même si le terme peut paraître vraiment économiste, Solenne a bien compris que le capital le plus important, c’est le capital humain.

Quant à moi, je suis heureux d’entendre un tel discours à ce niveau de décision dans un groupe.

Le livre

La vie devant soi - Romain Gary

Les autres épisodes du Podcast cités

Pour contacter Solenne Ojea-Devys

Le message aux Insiders

C’est une industrie absolument extraordinaire, puisqu’on travaille la matière la plus passionnante qui soit, l’être humain. On vit des choses à la fois dures et à la fois magiques.

On a aujourd’hui un défi absolument immense, colossal et en même temps ô combien motivant qui est de réussir la transition de notre industrie vers un tourisme durable et responsable.

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